Les blockhaus de l’île de Ré
Les blockhaus de l’île de Ré, vestiges du Mur de l’Atlantique
De Rivedoux-Plage au Sud à Saint-Clément-des-Baleines au Nord, l’île de Ré abrite de nombreux vestiges du « Mur de l’Atlantique » construit par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Près de 300 bunkers, blockhaus et casemates ont été érigés sur le littoral, certains encore visibles, d’autres à demi enfouis dans le sable ou envahis par la végétation.
Un peu d’histoire…
Construit par l’armée allemande afin de dissuader toute tentative de débarquement allié depuis la Grande-Bretagne, le Mur de l’Atlantique est une série de puissantes fortifications côtières longeant la côte atlantique sur près de 5 000 km, du nord de la Norvège au sud de la France. Entre 1942 et 1944, l’Organisation Todt – groupe de génie civil et militaire de l’Allemagne nazie – a bâti près de 300 bunkers, casemates, batteries d’artillerie et stations radars sur l’île de Ré. Objectif : défendre la base sous-marine de La Rochelle et empêcher tout débarquement aérien ou naval sur le continent. Chaque position portait un prénom féminin allemand (Kora, Karola, Fanny, Herta, Lola…).
La batterie Kora Karola d’Ars-en-Ré
À Ars-en-Ré, les deux batteries côtières Kora Karola sont toujours visibles dans la forêt de la Combe à l’Eau. Au coeur d’un complexe militaire de 40 ha, c’est le plus important dispositif édifié sur l’île, avec une tour de béton de 23 mètres de hauteur et deux batteries de 203 mm.
Les positions Fanny et Herta , Bois-Plage-en-Ré
Sur les dunes du Bois-Plage, on peut découvrir les batteries de côte Fanny et Herta, la plus importante position d’artillerie après Kora Karola. C’est ici que se trouvait le poste de commandement général de l’île de Ré. Elles étaient chacune armées d’un canon de 150 mm. Un observatoire secondaire servait de tour de guet, tandis qu’un projecteur balayait le pertuis toute la nuit.
La batterie de Sablanceaux
À l’entrée de l’île, la Redoute de Sablanceaux, construite par Vauban en 1674, fut occupée par les Allemands. Ces derniers y intègrent un blockhaus d’observation dans le corps de garde sud, ainsi que deux canons antiaériens.
Le fort de La Prée
À la sortie de Rivedoux, sur la route de La Flotte, l’armée du Reich investit le fort La Prée en 1942 et y intègre la batterie » Berta » : un blockhaus d’observation et un blockhaus de télécommunication pour surveiller la rade de La Rochelle.
La redoute du Martray
À Ars-en-Ré, les Allemands transforment la redoute du Martray, autre place forte construite par Vauban au XVIIe siècle, en point d’appui d’infanterie baptisé du nom de code » Ilse « . En 1942, les ingénieurs allemands y installent une casemate double, armée d’un canon antichar et d’une mitrailleuse MG, pour surveiller l’anse et la plage du Martray.
Jusqu’à la capitulation de l’Allemangne, le 8 mai 1945, ce maillon du Mur de l’Atlantique sur l’île de Ré ne fut jamais attaqué ni bombardé. Ces blockhaus sont restés intacts depuis plus de 80 ans. Certains blockhaus ont eu moins de chance. Pour protéger la dune et la forêt, la municipalité a dû détruire quatre blockhaus sur la plage de Saint-Clément-des-Baleines en 2016. Ils avaient servi de décors au film » Le jour le plus long « , retraçant le Débarquement sur la plage d’Omaha Beach. D’autres bunkers ont retrouvé une utilisation plus ludique. Ils ont été réhabilités et ils sont aujourd’hui habités par des familles.