La base militaire allemande
Au nord-ouest de l’île de Ré, la forêt de la Combe à l’Eau abrite l’un des plus remarquables ouvrages fortifiés du Mur de l’Atlantique construit par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale : une base militaire dotée de puissantes batteries d’artillerie côtières, baptisées Kora Karola.
Un vestige du Mur de l’Atlantique caché dans la forêt
Non loin de la plage, à 2 km à vol d’oiseau du Camping 4 étoiles Le Cormoran, dans une zone boisée d’une trentaine d’hectares, une ancienne base militaire allemande se cache dans la forêt d’Ars-en-Ré. Abandonnée depuis 80 ans, la zone appartient aujourd’hui au Ministère de la Défense. Le site est officiellement interdit au public, mais des promeneurs osent s’y aventurer pour découvrir ce petit bout d’histoire de la Seconde Guerre mondiale…
Un site historique sans équivalent sur la côte atlantique
Pour défendre le pertuis d’Antioche et protéger le port de La Rochelle et la base sous-marine de La Pallice, l’armée allemande fait ériger sur l’île de Ré un vaste réseau de blockhaus et bunkers sur les plages, les falaises et l’arrière-dune, dont deux puissantes batteries d’artillerie à Ars-en-Ré. Construits entre 1942 et 1944, ces deux ouvrages dépendaient de l’armée de terre (Heer) pour la batterie Kora et de la marine (Kriegsmarine) pour la batterie Karola. Connu pour son imposante tour d’observation, le site est l’un des plus importants ouvrages défensifs de la façade atlantique au sud de la Loire, de la Vendée à Bordeaux.
Une puissance de feu considérable
À l’origine équipée d’un gigantesque télémètre et protégée par une calotte en acier blindé, l’impressionnante tour de béton dite « Tour Karola » s’élève sur six niveaux et 23 m de haut, dont 7 m en souterrain. Elle assurait le commandement de la batterie Karola, armée de deux tourelles de canons de 203 mm provenant de l’ex-croiseur lourd Seydlitz ; et de la batterie Kora, dotée de quatre canons de 200 mm d’une portée de 37 kilomètres, pouvant tirer dans toutes les directions. Une autre batterie côtière, du nom de Kathe, occupée par la Marine, assurait la défense antiaérienne. En outre, un radar (de type Fumo) permettait de localiser des cibles navales à 60 km à la ronde, avec une extrême précision. Abandonnés par les Allemands le 8 mai 1945, date de la capitulation du Reich, les canons d’Ars-en-Ré ne tirèrent qu’une seule fois, en août 1944, mais ne seront jamais attaqués ni bombardés. Le site est classé Monument historique depuis 2004.
Une cité perdue dans la forêt
Cachée dans la forêt d’Ars-en-Ré, la base militaire de Kora-Karola vit et fonctionne comme un village, avec de nombreux bâtiments en bois ou en béton pour y loger jusqu’à quatre cents soldats, mais aussi des cuisines, une infirmerie, une aumônerie, une écurie, un service postal, des garages, et même un théâtre pour des soirées spectacles. L’état de ces installations s’est détérioré au fil des années, mais de nombreuses traces sont encore visibles au sol.